Géopoésie et mémoire des pierres
juillet 24, 2025
Géopoésie et mémoire des pierres
Le 2 novembre 2024, dans une salle feutrée du Beaney House of Art and Knowledge à Canterbury, une atmosphère de curiosité tranquille s’est installée. La géologie s’est faite poésie, et les pierres se sont mises à parler. À l’occasion de la Journée de la Géopoésie, la géoambassadrice et géologue Helen Nattrass et la poétesse Victoria Field ont proposé un moment unique, mêlant science, art et réflexion personnelle pour célébrer la Terre autrement.
L’événement, inscrit dans le programme « Umbrella » du Festival de Canterbury, a permis aux participants de se reconnecter profondément à la nature.
Qu’est-ce que la géopoésie ?
Vous est-il déjà arrivé de ramasser un galet en vous demandant d’où il venait ? Ou de caresser distraitement un mur de silex ? Ce geste, en apparence anodin, est déjà une forme de géopoésie.
La géopoésie ne se limite pas à écrire des poèmes sur la nature. C’est une manière de ressentir le monde avec tous ses sens : la fraîcheur d’une pierre, le murmure discret de l’histoire de la Terre, ou encore l’imaginaire qui voyage à travers les millénaires. En mêlant géologie, écologie, art et musique, la géopoésie nous relie à la nature, mais aussi à nous-mêmes. Le « Scottish Centre for Geopoetics« la définit comme une exploration de la Terre à travers différents langages artistiques et scientifiques, pour mieux percevoir notre planète comme un tout vivant.
À Canterbury, Helen et Victoria cultivent cette approche depuis plusieurs années, notamment à travers le groupe Wise Words for Wellbeing. De leur passion commune pour la poésie et les sciences de la Terre est né le projet Wise Words for the Earth, qui propose des ateliers croisant écriture et géologie. Toutes deux sont des Géoambassadrices engagées, et contribuent à faire vivre ce mouvement en plein essor.
Craie et silex : pierres du paysage
En 2024, les ateliers ont été inspirés par le Geopark Transmanche, avec un focus sur deux pierres emblématiques du territoire : la craie et le silex. Dans un monde où beaucoup se sentent déconnectés de la nature, le simple fait de tenir une pierre dans sa main peut devenir une manière silencieuse mais puissante de se recentrer.
La journée proposait un voyage riche en émotions, en souvenirs et en découvertes. On pouvait toucher des échantillons de roches, consulter des cartes géologiques, ou encore s’inspirer visuellement des sculptures en silex d’Henry Moore et des paysages de craie peints par Eric Ravilious.
La littérature était aussi au rendez-vous. L’anthologie Cornerstones, dirigée par Mark Smalley, a offert des textes inspirants comme Chalk, Westbury d’Alyson Hallett ou les réflexions d’Alex Garner sur le silex. Ces écrits ouvraient des portes sur l’imaginaire et la mémoire, révélant la puissance silencieuse et les histoires oubliées des pierres.
Échos de la journée
La journée a donné naissance à de nombreux textes et poèmes, tous porteurs de la vie qui palpite sous nos pieds. Les participants ont prêté leur voix aux histoires muettes des pierres, capturant autant leur forme physique que les souvenirs du temps profond qu’elles renferment.
Dans Geo-heartbeat, Jan Griffin fait résonner le rythme discret de la Terre – un lien entre magma en fusion, rivières en mouvement, calcaire ancien et contact humain. Son poème nous rappelle que la Terre est un système vivant, dont nous dépendons tous.
Avec Flightless et Holding Tight, Sue Baker crée des dialogues intimes entre humains et pierres. Elle évoque le temps, la mémoire, et montre comment un simple caillou, en apparence banal, peut renfermer des récits de voyages lointains et de connexions profondes. Ses mots nous invitent à ralentir, à sentir vraiment le monde qui nous entoure, et à redécouvrir le pouvoir d’ancrage des choses les plus simples.
Le poème Flint de Helen Nattrass retrace l’étonnante transformation du silex – de la silice enfouie dans les entrailles de la Terre à l’outil tranchant qui a permis à l’humanité de survivre. Son texte fait jaillir l’imagination, reliant la force brute de la pierre à l’étincelle du feu et aux débuts de notre histoire.
Ces voix nous offrent une nouvelle lecture du paysage. Les pierres ne sont pas de simples objets inertes : elles sont témoins du temps, sources d’énergie, et partenaires silencieuses de notre aventure humaine. Elles nous invitent à écouter, à toucher avec attention, et à renouer avec le monde sous nos pieds.
Pourquoi la géopoésie est-elle si importante ?
Le Geopark Transmanche relie les falaises blanches de Douvres et les collines crayeuses du Kent aux plateaux et falaises du nord de la France. La géopoésie crée un lien entre les peuples des deux côtés de la Manche à travers les récits anciens inscrits dans le sol.
À l’heure où la planète traverse de profondes crises écologiques, la géopoésie offre une manière d’ancrer notre conscience dans l’histoire de la Terre. Elle cultive l’émerveillement, le respect et le soin. En mêlant rigueur scientifique et émotion artistique, elle casse les barrières entre pensée et ressenti, pour mieux nous faire percevoir la Terre comme un être vivant.
La géopoésie nous rappelle que nous faisons partie de l’histoire de la planète – une histoire précieuse, qu’il nous revient de protéger.
Articles populaires
GeoAdventures – découvrez les merveilles du Geopark mondial Transmanche !
GeoAdventures est un festival dynamique de neuf mois célébrant l’aspirant géoparc mondial…
Lancement officiel du Geopark Transmanche célébré lors du festival inaugural avec les invités spéciaux Stephen Clarke et Nick Crane
Une Journée Inoubliable pour le Geopark Transmanche et ses Géoambassadeurs !
Le vendredi 21 mars, nos géoambassadeurs français ont traversé la Manche pour…